Les curricula

Dans notre entendement, les programmes actuels au Burkina Faso sont adaptés à notre approche. Il suffira pour les acteurs, notamment les enseignants, les encadreurs pédagogiques, d'avoir une autre vision sur le savoir. Ils ne devraient plus voir le savoir enseigné comme des connaissances théoriques, des contenus à faire acquérir par les élèves, mais il faut voir le savoir contenu dans les programmes comme un outil efficace, vivant, pour faire un travail.
Il leur restera alors à préciser aux élèves, ou aux apprenants que tel outil est pour faire tel travail (intellectuel ou physique) ou attribuer à chaque travail, l'outil approprié.

  • En Français par exemple: Les propriétés suivantes:

«Le participe passé employé sans auxiliaire s'accorde comme adjectif» ; ou encore «Le participe passé des verbes conjugués avec l'auxiliaire avoir s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct si celui-ci précède le verbe»...
sont des outils efficaces pour, par exemple, faire une rédaction, rédiger une lettre, un rapport, ou pour faire un discours, une conférence.... Ces outils sont donnés dans les classes de C.M.2 dans nos écoles et dans les classes de sixième et cinquième des lycées et collèges et ils restent utiles pour toute la vie.

  • En Géographie par exemple:

Un apprenti architecte veut faire comme travail, dessiner le plan d'une maison. L'outil intellectuel élémentaire mais nécessaire dont il a besoin, c'est l'orientation sur le plan; et cet outil dit que: «Sur la carte le nord est en haut, le sud en bas, l'est à droite et l'ouest à gauche»! Outil vu depuis la classe de C.E.2, mais qui joue aujourd'hui sur la compétence de l'architecte. Il lui suffirait d'oublier cet outil élémentaire et c'est la catastrophe.

  • En mathématiques par exemple: L'axiome suivant:

«Par deux points distincts du plan euclidien, il ne passe qu'une et une seule droite !» est un outil pour représenter une droite dans un repère du plan euclidien ou par exemple, pour construire une maison....

  • En Sciences physiques par exemple: La définition suivante:

«La masse volumique d'une substance homogène est le quotient de sa masse par son volume !» est un outil pour déterminer la masse, le volume ou la masse volumique d'une substance homogène.

  • Etc...

Comme nous le voyons, les outils ne sont autres choses que les définitions, les propriétés, les propositions, les théorèmes, les règles, les axiomes, ...
Ce sont ces contenus qui constituent les outils intellectuels pour le travail intellectuel et aussi physique. Ils sont dans la plupart des programmes d'enseignement. Il faudra seulement les adapter (surtout au secondaire) au contexte réel du pays.

Toutes fois, les enseignants seraient plus à l'aise dans nos classes si les programmes d'enseignement sont rédigés dans un esprit de faire du savoir un outil de travail aujourd'hui et demain; et que pour chaque travail identifié, les outils appropriés pour ce travail soient aussi identifiés et précisés. C'est pourquoi nous proposons qu'il serait préférable que la rédaction des programmes d'enseignement se fasse en commençant par les classes de fin de cycle, dans chaque ordre d'enseignement.

  • À la maternelle, commencer par la grande section, la moyenne section puis la première section. À chaque niveau, les compétences doivent être identifiées, puis identifier ensuite les outils intellectuels appropriés.
  • Dans l'enseignement de base, procéder de même C.M.2, C.M.1, C.E.2, C.E.1, C.P.2, C.P.1. Et à chaque niveau, les compétences étant identifiées, on identifie ensuite les outils appropriés.
  • Dans l'enseignement post primaire, les programmes devraient être rédigés en commençant par les classes de troisième, puis quatrième, cinquième et sixième.
  • Dans l'enseignement secondaire, faire de même, en commençant par les classes de terminales, puis les premières, les secondes.
  • Dans l'enseignement technique et professionnel, la même procédure devrait être de même appliquée.

Cela a l'avantage de mieux préciser les compétences exigibles à la fin de chaque cycle, de mieux adapter les outils, d'éviter des contenus de programmes lourds qui sont difficiles à terminer et donc d'alléger les contenus des programmes actuels. Car nos programmes actuels d'enseignement au primaire, au post primaire comme au secondaire sont trop ambitieux; la plupart des programmes ne sont pas totalement exécutés dans nos classes.
Cela permettrait aussi de rapprocher les disciplines et favoriser l'interdisciplinarité.
Enfin, cela permettrait également de mieux cibler le profil de personne que l'on désire avoir à la fin d'un cycle d'enseignement; de mieux atteindre les buts visés dans l'enseignement.

Par exemple en mathématiques, classe de troisième; prenons comme compétence en activités géométriques:
«L'élève de la classe de troisième, à la fin de l'année doit être capable de tracer dans un repère orthonormé, une droite définie par son équation.»

Les outils appropriés pour ce travail pourraient être:
- La définition de repère orthonormé dans un plan (euclidien).
- L'axiome d'Euclide.
- Les règles relatives à la construction d'une droite définie par son équation, dans le plan.
- Les propriétés sur la résolution d'équations du premier degré dans IR.
- Les règles relatives sur la construction d'un point connaissant ses coordonnées dans un repère.
- .....
Ces outils pourraient se traduire en terme de contenu de programme afin que l'élève puisse disposer des outils appropriés pour atteindre la compétence voulue.

Des compétences secondaires sont nécessaires et indispensables pour atteindre la compétence souhaitée.
Par exemple:
- «Etre capable de tracer des droites perpendiculaires»,
- «Etre capable de tracer des droites parallèles»,
- «Etre capable de tracer une droite passant par deux points distincts»
- «Etre capable de graduer une droite»,
- .....
Ces compétences secondaires pourraient être soit gardées en classe de troisième, ou renvoyées en classe de quatrième ou en classe de cinquième ou en classe sixième en terme de contenu.
De chaque compétence secondaire, d'autres compétences indispensables pourraient également s'en découlées.....

La compétence: «L'élève doit être capable de tracer dans un repère orthonormé, une droite définie par son équation» pourrait devenir une compétence secondaire pour les classes ultérieures. Par exemple en classe de terminale S, cette compétence est indispensable pour la réussite des travaux suivants: «Tracer une droite d'ajustement affine dans un repère; ou tracer une asymptote oblique à une courbe dans un repère, ou tracer une tangente à une courbe dans un repère ...»

Toutes fois, nous demeurons toujours convaincu que les programmes actuels en vigueur au Burkina Faso sont adaptés à notre approche. Il suffira pour tous les acteurs de l'éducation d'avoir une autre vision sur le savoir. Ils devraient accepter que le savoir contenu dans les programmes sont des outils pour faire un travail.

 

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